Motet anonyme du XIIIe siècle où l'on entend une déclaration d'amour profane au-dessus d'un chant grégorien aux notes longues.
Chanson à 3 voix de William Cornish (1468-1523) ici jouée au luth qui fait entendre d'abord 2 voix en canon puis un contre-chant à la voix supérieure correspondant à l'apparition d'une dame. Tout un programme !
Juan del Encina (1468-1530) était à la cour du duc d'Albe comme poète et musicien. Cette romance espagnole qu'il composa raconte les lamentations d'un roi maure qui perd son royaume d'Espagne au temps de la Reconquista.
Une autre chanson de Juan del Encina dont le refrain nous répète qu'il vaut mieux souffrir (échanger plaisir et douleur) que de vivre sans amour.
- Fantaisie de Alonso Mudarra
La Fantaisie est un genre musical très employé aux XVIe et XVIIe siècles. Il est proche du Prélude par sa forme libre et son allure voisine de l'improvisation. Celle-ci a été écrite en 1546 pour la vihuela qui est l'instrument à cordes (à archet, plectre ou pincées) du XVIe siècle espagnol (dont la forme rappelle celle d'une guitare moderne en plus petit, à fond plat ou un peu bombé et à 6 doubles cordes). Cette pièce peut être jouée au luth.
- Fantaisie de Luis Milan (1535)
Encore une Fantaisie d'un compositeur qui était aussi écrivain et instrumentiste, vihueliste.
Le traité d'Ortiz (également à la cour du duc d'Albe) datant de 1553 est une des premières sources de pièces pour viole solo. Il y enseigne l'art de l'improvisation par des variations sur une basse obstinée.
- Passamezzo d'Adrian Le Roy (1520-1598)
Luthiste et compositeur du XVIe, Adrian Le Roy a fondé avec son cousin Robert Ballard une maison d'imprimerie musicale importante.
Le passamezzo, danse d'origine italienne des XVIe et XVIIe siècles, est lui aussi un genre qui permet l'écriture de variations sur une structure harmonique de base.
- Il était une fillette de Clément Janequin (1485-1558)
Cette chanson polyphonique à 4 voix a été reprise par de nombreux compositeurs, en particulier par des luthistes. Ici une version "voix accompagnée au luth" qui est devenue une pratique musicale courante dans la 2e moitié du XVIe siècle.
- Cessez mes yeux Thomas Créquillon vers 1540
Voici une autre chanson française très mélancolique qui annonce les airs de cour de la fin du XVIe siècle et du XVIIe. Le poète y pleure et soupire, désespéré et souffrant le martyre.
Thème mélancolique en vogue à la fin du XVIe siècle évoquant une nymphe grecque changée en laurier par Zeus pour échapper à Apollon.
- Wilt thou unkind, thus reave me ? John Dowland (1597)
Avec cette chanson nous voici en Angleterre à la toute fin du XVIe siècle puisque son 1er livre de chants ou airs a été publié en 1597. Il eut un tel succès populaire qu'il fut réédité cinq fois.
"Seras-tu assez méchante pour me ravir ainsi mon coeur et m'abandonner"
- Can she excuse my wrongs ? John Dowland (1597)
Le texte de cet air est attribué au favori et ministre de la reine Elisabeth Ie, Robert Devereux, second comte d'Essex, poème qu'il écrivit en prison avant son exécution...
"Peut-elle pardonner mes fautes sous le manteau de la vertu ?"
Dans la 3e partie de cette chanson, la mélodie de l'accompagnement est celle d'un chant populaire de l'époque "Shall I go walk the woods so wild".
- If my complaints coud passions move John Dowland (1597)
"Si mes plaintes pouvaient émouvoir ou faire voir à l'amour combien je souffre à tort".
Dowland était un luthiste extraordinaire dont les accompagnements présentent de nombreuses difficultés, discrètement, toujours au service de l'expression de ces très beaux airs.
- What then is love but mourning Philip Rosseter (1568-1623)
C'est un exemple de "chanson au luth" publiée en 1601 écrite par un luthiste du roi Jacques Ier.
"Qu'est-ce que l'amour sinon un deuil, une affliction ?
La beauté n'est qu'une fleur qui ensevelit la jeunesse de sa gloire
Le temps a une durée que nul ne peut tenir
Alors pars, mon aimée, tandis que je chante ainsi"...
Publié par Bésard en 1603, cet air de cour anonyme pour la musique est composé sur un texte de Gilles Durant de la Bergerie. Il reprend une chanson en vogue du XVIe "Une jeune fillette" que l'on a entendue dans le film "Tous les matins du monde" dans une adaptation de Jordi Savall.
Normand et d'une famille protestante comme Malherbe, Guillaume de Chastillon de la Tour (ca1550-1610) fut chargé en 1603 de composer des airs pour l'entrée d'Henri IV à Caen.
Cette chanson polyphonique à 4 voix sur le texte raffiné et précieux de Malherbe est tout à fait représentative d'une transition entre la chanson polyphonique de la Renaissance et l'air de cour baroque.
- Adieu délices de mes jours Guillaume de Chastillon (1611)
Guillaume de Chastillon était mort à la publication en 1611 de son recueil d'airs et chansons à 4 parties. C'est l'éditeur qui a placé cette très belle chanson en fin de volume en hommage à son auteur.
- Ma bergère non légère (en amour...)
Cet air de cour anonyme a été transformé en chanson polyphonique à 4 voix par l'éditeur Gabriel Bataille dans une édition de 1613.
- Phyllis Farewell de Thomas Bateson (ca 1570-1630)
Madrigal à 4 voix paru en 1604 dont le compositeur fut organiste à Chester puis à Dublin qui sera exécuté par une voix de dessus accompagnée au luth. Le luth qui fut l'instrument roi au XVIe pour la musique profane (alors que c'était l'orgue pour la musique religieuse) permettait de jouer plusieurs voix sur un instrument facile à transporter, ce qui a grandement facilité la diffusion de la musique dans toutes les cours d'Europe.
"Phyllis, adieu, je ne peux vivre plus longtemps
Viens, douce mort, abréger un tourment sans fin"
- What then is love sings Corridon de Thomas Ford (ca 1580-1648)
Cet air paru en 1607 nous rappelle que "l'amour est comme la rose du matin couverte de rosée qui s'ouvre largement au lever du soleil ; mais lorsqu'apparaissent ses rayons, ce qui avait fleuri s'empresse de mourir"... Son auteur fut un compositeur et un luthiste au service du Prince de Galles et du roi Charles Ier.
- Petit sein de François Le Fégueux
La musique de cet air de cour paru en 1617 souligne remarquablement bien le propos léger et plein d'humour de son texte.
- N'espérez plus mes yeux d'Antoine Boesset (1586-1643)
Exact contemporain de Louis XIII, Antoine Boesset fut un compositeur célèbre pendant tout le XVIIe siècle pour ses ballets de cour mais aussi pour ses airs parus dans diverses anthologies dès le début du siècle, avant la publication de ses propres recueils. Ses airs de cour ont servi de modèles d'explications de l'ornementation dans différents traités.
- Prélude de Samuel Capricornus, S. Friedrich Bockshorn (1626-1665)
Capricornus eut une vie brève de 37 ans au milieu du XVIIe siècle, mais sa renommée a largement dépassé de son vivant les limites de son pays l'Allemagne. Compositeur à la cour de Stuttgart, il disposait de remarquables chanteurs italiens et de virtuoses anglais de la viole de gambe. C'est pourquoi ses motets comportent de belles parties de viole dialoguant avec les chanteurs.
Il s'agit ici du prélude (pour viole et basse continue) à un "Salve Jesu" pour soprano et viole concertante.
- Prélude au luth d'une partita de Giuseppe Antonio Brescianello (1690-1757)
Les préludes écrits par des compositeurs sont inspirés des improvisations des luthistes ou des organistes pour essayer leur instrument, l'accorder, se mettre en doigts, introduire le concert. De forme très libre, ils mettent surtout en valeur le jeu instrumental par des traits, des arpèges, des accords et diverses difficultés techniques tout en laissant le champ ouvert à l'imagination.